
Lorsqu’on parle d’épargne retraite, le Plan d’Épargne Retraite s’impose comme l’un des dispositifs phares depuis sa création en 2019. Mais derrière ses avantages fiscaux se cache un mécanisme parfois complexe, qu’il est essentiel de bien comprendre. Entre déductions à l’entrée, fiscalité différée et imposition à la sortie, maîtriser la fiscalité du PER est indispensable pour en tirer le meilleur parti. Car si ce produit peut être très intéressant, son efficacité dépend surtout de votre situation fiscale actuelle et future.
Le Plan d’Épargne Retraite existe depuis la réforme initiée par la loi PACTE. Conçu pour remplacer les anciens dispositifs comme le PERP, le contrat Madelin ou encore le PERCO, le PER unifie l’épargne retraite sous une même bannière tout en proposant une fiscalité repensée et généralement plus avantageuse.
Ce produit d’épargne repose sur un principe simple : permettre aux épargnants de se constituer un complément de retraite en bénéficiant d’avantages fiscaux pendant la phase de constitution, moyennant une imposition lors de la récupération des fonds à la retraite. Cette logique de différé fiscal constitue l’ADN même du PER. L’épargne investie dans un PER demeure normalement bloquée jusqu’au départ en retraite, sauf dans certaines circonstances exceptionnelles comme l’acquisition de la résidence principale ou lors d’accidents de la vie tels que l’invalidité, le décès du conjoint, le surendettement ou la cessation d’activité suite à une liquidation judiciaire.
Le PER offre la possibilité de déduire les versements effectués de son revenu imposable. Cette déduction se traduit par une diminution immédiate de l’impôt à payer, créant un effet de levier particulièrement intéressant pour les contribuables situés dans les tranches d’imposition élevées. Prenons un exemple concret : un épargnant déclarant 60 000 euros de revenus annuels et versant 5 000 euros sur son PER verra son revenu imposable ramené à 55 000 euros.
L’économie d’impôt générée dépendra directement de sa tranche marginale d’imposition. Dans la tranche à 30 %, cette économie atteindra 1 500 euros, tandis qu’elle grimpera à 2 050 euros dans la tranche à 41 %.
Cette déduction fiscale n’est pas illimitée et s’inscrit dans des plafonds précis qui varient selon le statut professionnel de l’épargnant. Pour les salariés, le plafond correspond à 10 % des revenus professionnels de l’année précédente, avec une limite fixée à huit fois le plafond annuel de la sécurité sociale (PASS). En 2025, ce plafond s’élève à 37 094 euros.
Si le calcul de 10 % des revenus aboutit à un montant inférieur à 4 637 euros, c’est ce montant minimum qui s’applique. Les travailleurs non salariés bénéficient de plafonds plus généreux. Ils peuvent déduire 10 % de leurs bénéfices imposables, avec un plafond global pouvant atteindre 87 152 euros en 2025. Ce montant intègre une majoration de 15 % sur la fraction des bénéfices comprise entre une et huit fois le PASS. Une particularité intéressante du système permet d’utiliser les plafonds non utilisés au cours des trois années précédentes, offrant ainsi une certaine flexibilité dans la gestion des versements.
Le PER offre également la possibilité de renoncer à la déduction fiscale des versements. Cette décision, irrévocable pour chaque versement, peut s’avérer judicieuse dans certaines situations, notamment pour les épargnants faiblement imposés ou ceux anticipant une hausse future de leur taux d’imposition.
Cette stratégie permet de bénéficier d’une fiscalité plus clémente à la sortie, puisque les versements non déduits ne seront pas imposés lors de la récupération du capital, seuls les gains étant alors taxés.

Durant la phase de constitution de l’épargne, les gains générés par le PER ne subissent aucune taxation. Cette caractéristique constitue un avantage non négligeable par rapport à d’autres enveloppes d’épargne, permettant aux intérêts de se capitaliser sans subir l’érosion fiscale.
Toutefois, cette exonération trouve ses limites lors des rares cas de déblocage anticipé autorisés pendant la phase d’épargne, notamment pour l’acquisition de la résidence principale. Dans cette situation, la fiscalité appliquée dépend de la nature des versements initiaux et anticipe les règles qui s’appliqueront à la sortie définitive.
Lorsque l’épargnant choisit de récupérer son épargne sous forme de capital au moment de la retraite, la fiscalité appliquée dépend directement du choix initial concernant la déduction des versements.
Le choix de la rente viagère modifie sensiblement la donne fiscale. Pour les versements ayant bénéficié de la déduction fiscale, la rente est imposée comme une pension de retraite classique, selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu après application d’un abattement forfaitaire de 10 %.
S’y ajoutent les prélèvements sociaux au taux de 17,2 %. Pour les versements non déduits, la rente est traitée comme une rente viagère à titre onéreux. L’imposition ne porte alors que sur une fraction de la rente, déterminée selon l’âge du bénéficiaire lors du premier versement. Cette fraction varie de 70 % pour les moins de 50 ans à 30 % pour les plus de 70 ans.
Les déblocages anticipés pour accident de la vie bénéficient d’une fiscalité particulièrement favorable. Le capital récupéré est totalement exonéré d’impôt, seuls les prélèvements sociaux de 17,2 % s’appliquant aux gains réalisés. Pour l’acquisition de la résidence principale, la fiscalité correspond à celle applicable lors d’une sortie normale en capital, selon que les versements ont été déduits ou non.
La transmission du PER en cas de décès suit des règles spécifiques qui dépendent du type de contrat (assurance ou compte-titres) et de l’âge du souscripteur au moment du décès. Pour les PER assurance, les sommes transmises bénéficient d’abattements significatifs.
En cas de décès avant 70 ans, chaque bénéficiaire profite d’un abattement de 152 500 euros, les sommes excédentaires étant taxées à 20 % jusqu’à 700 000 euros, puis à 31,25 % au-delà. Après 70 ans, l’abattement se limite à 30 500 euros partagés entre tous les bénéficiaires, les sommes excédentaires étant soumises aux droits de succession selon le lien de parenté.
| Type de sortie | Versements déduits | Versements non déduits |
|---|---|---|
| Capital à la retraite | Capital : barème IR Gains : flat tax 30 % |
Capital : exonéré Gains : flat tax 30 % |
| Rente viagère | Barème IR + PS 17,2 % Abattement 10 % |
Rente viagère à titre onéreux Fraction imposable selon l’âge |
| Accident de la vie | Exonération IR PS 17,2 % sur les gains |
Exonération IR PS 17,2 % sur les gains |
| Résidence principale | Même fiscalité que sortie en capital | Même fiscalité que sortie en capital |
L’efficacité fiscale du PER repose sur un principe fondamental : le différé d’imposition. Pour maximiser l’avantage, il convient idéalement d’être imposé dans une tranche élevée pendant la phase d’épargne et de bénéficier d’une baisse du taux d’imposition à la retraite. Cette logique explique pourquoi certains épargnants choisissent de ne pas déduire leurs versements lorsqu’ils anticipent une progression de leur taux d’imposition futur ou lorsqu’ils sont faiblement imposés durant leur vie active.
La fiscalité du PER révèle toute sa complexité mais aussi son potentiel d’optimisation. Entre déductions immédiates, report d’imposition et choix stratégiques, ce dispositif nécessite une approche personnalisée qui prend en compte la situation fiscale actuelle et les perspectives d’évolution. A lire aussi :
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