« Trop de promo tue la promo » : tout le monde est d’accord là-dessus, et pourtant…
Malgré une pression promotionnelle restée à son maximum, la contribution des prospectus à la croissance du chiffre d’affaires PGC de la grande distribution française est passée de 46% en 2014 à 30% en 2016, selon le panéliste Nielsen.
En parallèle, 2016 a été la première année depuis 2008 à enregistrer un recul des volumes vendus (-0,2% ) et la plus faible croissance de chiffre d’affaires depuis 2003 : +0 ,9%.
Un exemple concret : en 2016, la part des volumes vendus en promotion sur la catégorie des lessives liquides est de 36% (avec des pointes à 65% pour la marque Omo !),soit 3 points de plus qu’en 2015, entraînant une progression de 1,3% en volume, mais…un recul de 2,7% du chiffre d’affaires !
Bien sûr, on objectera qu’une partie croissante des achats sont maintenant des achats en ligne, que la « crise » n’est pas encore finie, etc.
De même, on arguera que pour entretenir l’envie d’acheter de leurs chers « shoppers », hypers et supermarchés doivent bien entretenir leur flamme via des mises en avant massives et des remises consistantes. Mais doivent-elles le faire sur toutes les catégories de produits, tout le temps, avec toujours les mêmes mécanismes ?
Prenons un exemple : un industriel français leader dans les vins pétillants vient de mettre à l’assortiment d’une grande enseigne française d’hypermarchés une référence de vin biologique. Pour le lancement, cette enseigne lui demande une thématique « 50% gratuit » ! Quel intérêt pour l’enseigne qui aura bien du mal à faire acheter un produit dont le prix va doubler une fois la promotion terminée? Pour le fournisseur qui va sacrifier sa rentabilité sur ce produit ? Pour le consommateur qui de toute façon aurait acheté ce produit avec un taux promotionnel plus faible, voire sans promotion, car il fait partie des « biophiles » dont le nombre ne cesse de croître ?
Comment peut-on mieux scier la branche de la rentabilité sur une des rares « poches de valeur » encore existantes dans l’alimentaire comme le bio ?
Sans compter les « dommages collatéraux » de la sur-promotion :
Au final, l’appétence de la grande distribution (pour ne pas dire la boulimie) ne s’apparente-t-elle pas au réflexe de Pavlov plus qu’à l’intelligence du joueur d’échec qui lui serait nécessaire en ces temps difficiles ? N’aurait-elle pas intérêt à se poser des questions telles que :
Tout le monde sait qu’il est très difficile de se débarrasser d’un réflexe, donc même avec une prise de conscience forte et immédiate, la grande distribution mettra probablement quelques années pour faire évoluer cette pratique addictive : mais en a-t-elle encore le temps ?
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