La micro-entreprise et le portage salarial sont deux façons pour les travailleurs indépendants d’effectuer des prestations de services sans devoir supporter de lourdes tâches administratives. L’une et l’autre de ces formes d’activité peuvent être mises en œuvre à tout moment de la carrière. Elles présentent chacune à la fois des avantages et des inconvénients indéniables. Le choix est souvent rapidement dicté par des considérations financières.
Ceci est tout à fait compréhensible dans un premier temps, surtout pour un début de carrière. Mais après une certaine période de décollage de l’activité, il peut être très utile de se poser ou de se reposer la question du choix entre les deux. Supporter le dépassement de certains plafonds de chiffre d’affaires dans le cadre d’une micro entreprise peut être compliqué. Faire glisser son activité d’indépendant d’un statut de micro-entrepreneur vers le portage salarial peut se révéler beaucoup plus prévoyant et simple.
Que ce soit une adhésion au régime micro-entrepreneur, ou bien que ce soit une décision d’exercer son activité professionnelle sous couvert d’une convention de portage salarial, la vie quotidienne n’a pas une profonde différence.
Comme dans les professions libérales, on recherche des clients et on négocie avec eux le contenu et le prix d’une mission. Une fois le contrat conclu, on réalise le travail et on se voit régler ses honoraires. La gestion administrative est des plus simples puisque :
Cette indépendance et cette simplicité sont réelles, mais la proximité des deux systèmes s’arrête là.
Le travail en portage salarial permet de profiter des avantages habituels des salariés, tels que :
La notion de relation tripartite est au centre du portage salarial et est ce qui lui permet de proposer en même temps indépendance et protection sociale de haut niveau. Chacun fait, et fait bien, ce qu’il sait faire :
La société de portage, par sa validation de mission, rassure les autres parties et met en jeu l’assurance professionnelle adaptée. La mission n’est d’ailleurs pas matérialisée par un contrat direct entre le client et l’intervenant, mais par deux documents distincts dont elle est le centre : le contrat de mission avec le client et l’avenant à la convention de portage du consultant.
Par son envergure, la société de portage salarial donne à la candidature de son intervenant auprès du client une crédibilité bien supérieure à celle d’un micro-entrepreneur agissant seul. De plus, gérante de multiples intervenants pour de multiples clients, elle est à même de proposer de nouvelles interconnexions au sein de son réseau.
C’est un scénario très classique pour le micro-entrepreneur, qui réussit et voit son chiffre d’affaires annuel augmenter. Il atteint le plafond de la franchise de TVA (33 200 € en ce qui concerne la prestation de services en 2018) et doit se mettre à facturer et à la gérer. Ensuite il arrive, pourquoi pas, aux 70 000 € qui le forcent à adopter un nouveau statut. Chacune de ces étapes est à prévoir, et oblige à de multiples opérations comptables. Il va y perdre un des intérêts de ce statut : la simplicité.
Ayant déjà acquis un réseau professionnel de qualité qui le fait flirter avec le premier plafond, il est logique pour notre entrepreneur individuel de ne pas le dépasser. Pour cela il est bien équipé pour passer du statut micro-entrepreneur au portage salarial. Il n’est pas obligé de le faire d’un seul coup. De toute façon, cela ne pourra s’appliquer qu’à des clients agissant en personnes morales et non physiques. Éviter de dépasser le premier plafond permettra de faire perdurer la micro-entreprise pour les personnes physiques. Il ne soumettra pas cette clientèle à une brusque augmentation de 20 % des tarifs alors qu’elle ne peut pas récupérer cette TVA probablement inattendue.
Le portage salarial propose un statut social très intéressant par beaucoup d’aspects. Il est néanmoins assez peu, voire pas du tout, adapté à :
Pour ne pas passer complètement à côté de ces opportunités, il est tentant pour un consultant habituellement en portage salarial de s’inscrire également en tant que micro-entrepreneur. Certes, ces activités ne participeront pas de fait à sa couverture sociale ou à la préparation de sa future retraite. Le titulaire de cette double casquette veillera à ce que l’activité sous couvert de micro-entrepreneuriat reste compatible, notamment en termes de temps passé, avec la réalisation de ses missions de salarié.
Cette double appartenance peut également être décidée de façon temporaire. C’est par exemple le cas pour un micro-entrepreneur atteignant un des plafonds. Désirant basculer progressivement en portage salarial, il ne le fera pas du jour au lendemain. Il n’est d’ailleurs pas obligé d’effectuer une bascule totale. Il est possible de conserver durablement les deux types d’activités : micro-entrepreneuriat et portage salarial en même temps.
Le portage salarial, de par sa convention, n’exige pas d’exclusivité de l’activité du consultant, il n’est donc pas fondé à empêcher ce cumul. Par contre, l’indépendant ne doit pas être pris en défaut d’exécution en temps et en heure de ses missions du fait de son autre activité. La société de portage salarial serait dans ce cas fondée à le lui reprocher. A la base, notre intervenant relève bien du régime des salariés. Il doit donc se garder de dépasser le temps total de travail autorisé par ce statut. Cela inclut le temps passé sur les missions propres. De plus, le salarié reçoit mensuellement un salaire unique pour l’ensemble de ses activités par le portage salarial et non un salaire distinct pour chacune de ses missions. Un problème avec sa société de portage salarial rejaillirait de fait sur l’ensemble de son activité.
Ne pas oublier
Il peut y avoir, lors de son questionnement précédent, éliminé l’activité professionnelle sous la forme de la micro-entreprise, ne serait-ce qu’à cause du plafonnement du chiffre d’affaires. Il serait incomplet de ne pas envisager de créer une entreprise sous une forme adaptée. Les EURL et SASU sont également des possibilités lors du lancement.
Dans le cas d’une EURL avec le gérant comme associé unique par exemple, le régime fiscal de la micro entreprise est applicable jusqu’aux mêmes plafonds que pour un micro-entrepreneur. La forme unipersonnelle de la SAS, la SASU, permet à son président, donc vous, d’être salarié. Mais la gestion d’une telle structure, aussi séduisante soit-elle, se révèle onéreuse en procédures, notamment comptables.
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