Lorsque les actualités nous apprennent la disparition de PME industrielles françaises – qui ont souvent une longue histoire d’innovation et de croissance derrière elles – on est très souvent amené à se dire que cela est inévitable et qu’il faut faire avec. Que c’est dû à un mal qui nous dépasse : « la mondialisation » ! Et ainsi, tout est dit… Du moins en apparence. Car, a y regarder de plus près, on s’aperçoit que toutes les PME industrielles ne disparaissent pas, loin s’en faut. Certaines continuent au contraire à se développer et à investir, y compris lorsque leurs concurrents font l’inverse du fait d’une mauvaise conjoncture ou d’une crise structurelle de leur secteur d’activité.
Quel est leur secret ? Ont-elles simplement de la chance comme certains « experts » l’affirment ?
Contrairement aux idées reçues largement répandues, cette situation n’est pas nouvelle. Déjà, durant les années 30, un très grand nombre de PME industrielles s’est retrouvé brutalement en faillite, du fait des conséquences de la crise de 1929 (qui ne s’est pas cantonnée aux États-Unis) : forte baisse des volumes commandés et des prix de vente des produits manufacturés, forte hausse du coût des matières premières et des énergies, mouvements sociaux à répétition, chômage de masse, forte diminution de la productivité et de la qualité… En clair, un vrai cercle vicieux et infernal !
Pour autant, un petit nombre de dirigeants industriels n’ont pas « baissé les bras ». Ils n’ont pas hésité à financer des études conjointes pour trouver des solutions pratiques à ce fléau. Ce qui a donné lieu à quelques innovations en matière de contrôle de gestion, notamment au niveau des méthodes de calcul de coûts et d’analyse de la rentabilité. Le but de cette démarche était de pouvoir prendre du recul (principe de la montgolfière) afin de modéliser le plus simplement possible la prise en compte des nouvelles problématiques industrielles : forte fluctuation de l’activité, rythme saisonnier totalement chamboulé, déflation puis inflation, instabilité des effectifs, nombreux arrêts intempestifs de la production, multiplication des tentatives de diversification de l’activité …
De cette manière, ces différentes problématiques sont devenues – mathématiquement parlant – de nouvelles variables de gestion de l’activité à prendre totalement et systématiquement en compte dans le calcul des coûts de revient ou des coûts de production. Mais l’inconvénient majeur de cette nouvelle approche fut l’accroissement de la complexité des calculs. Car à cette époque, les données sources utilisées pour réaliser ces derniers étaient essentiellement d’ordre comptable. Or ces dernières n’étaient pas prévues pour répondre à cette nouvelle vision financière. En effet, tant que l’activité des entreprises restait assez homogène et stable dans le temps, les méthodes traditionnelles suffisaient largement : on parle dans ce cas d’entreprises dite « mono-produit » ou mono-activité et mono-client ». À l’inverse, l’arrivée de la crise de 1929 a rendu progressivement les entreprises « multi-produits, multi-activités et multi-clients » et les outils de gestion traditionnels peu à peu obsolètes. C’est ainsi qu’est apparu une vision plus moderne du contrôle de gestion industriel, qui reste totalement d’actualité aujourd’hui, quoi qu’en pense certains « experts » !
Pour maîtriser une méthode – quelle qu’elle soit – il est primordial d’en comprendre avant tout l’esprit et la logique, afin d’éviter de mal appliquer ses principes sur le plan pratique. D’où l’intérêt de connaître son histoire, afin de bien comprendre le pourquoi de son apparition et son degré de légitimé par rapport à une situation économique donnée. Cela évite ainsi la technique dangereuse du « copier/coller » !
L’idée de cette nouvelle approche des coûts est basée sur le postulat suivant : tant que l’activité reste homogène et stable sur la durée, le calcul du coût de revient des produits est simple : on divise le total des charges d’une période significative (mois, trimestre, année) par le volume de produits vendus correspondant, donnant ainsi un coût de revient moyen assez réaliste. En conséquence, il serait pertinent d’arriver au même résultat mathématique avec une activité hétérogène et très fluctuante, tout en neutralisant l’impact négatif de la déflation/inflation.
C’est en s’appuyant sur ce postulat, qu’une poignée d’ingénieurs et de techniciens ont mis au point plusieurs méthodes de calcul, dont la plus répandue fut la MDP ou Méthode Des Points (à ne pas confondre avec la méthode des points Bedaux). Mais ayant été créée « sur le terrain », elle ne fut jamais considérée comme une méthode théorique, ce qui explique peut-être son oubli progressif durant la génération suivante. Il fallut ainsi attendre le début des années 60, pour qu’elle soit redécouverte par hasard par des ingénieurs.
Sans rentrer dans des détails trop techniques, on peut résumer les principes de la méthode en trois points :
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