Chez les freelances débutants, le cumul d’emploi est courant. Il se manifeste par l’exercice d’au moins deux activités professionnelles différentes comprenant généralement une activité salariée. Ce cumul d’emploi permet notamment de tester une nouvelle activité professionnelle ou de s’assurer des revenus complémentaires. Pour certains actifs, c’est un moyen de profiter des avantages du salariat tout en pratiquant sa passion en freelance.
Il est intéressant de comprendre les réalités d’une pratique qui tend à se développer. Tour d’horizon du fonctionnement, des exemples et des questions autour du cumul d’emploi.
Un emploi correspond à l’exercice d’une activité contre une rémunération. Cette contrepartie financière induit le caractère professionnel de l’activité à l’inverse du bénévolat exercé à titre gratuit. Toutefois, le terme « emploi » reste large, car il ne prend pas en compte la durée, le type de rémunération ni le statut de l’activité. Ainsi, une infirmière libérale exerce un emploi, tout comme un fonctionnaire ou un consultant freelance.
La notion de « cumul » signifie donc exercer plusieurs activités en même temps. Si en politique, on parle de « cumul des mandats », dans le monde professionnel, le « cumul d’emploi » correspond au fait d’exercer plusieurs activités professionnelles en même temps.
Le cumul d’emploi soulève plusieurs questions. Peut-on cumuler un emploi salarié et une activité freelance ? Quel intérêt y a-t-il à vouloir cumuler plusieurs emplois ou plusieurs statuts ? Nous faisons le point.
La loi n’interdit pas le cumul d’un emploi salarié avec une activité en tant que freelance. Toutefois, il est impératif de vérifier que son employeur ne l’interdit pas. En effet, une entreprise peut interdire à ses salariés d’exercer une autre activité professionnelle. Cette interdiction est instaurée par une clause d’exclusivité mentionnée dans le contrat de travail. Avec cette clause, l’employeur interdit le cumul d’emploi à son effectif, qu’il s’agisse d’une activité salariée ou non. Un salarié souhaitant se lancer en freelance devra donc s’abstenir si son contrat de travail contient cette clause.
Si ce n’est pas le cas, il convient tout de même de respecter une obligation de non-concurrence vis-à-vis de son employeur. Cette obligation de loyauté et de non-concurrence est généralement inscrite dans le contrat de travail. Ainsi, le salarié d’une entreprise de e-commerce de chaussures ne pourra pas lancer une boutique similaire en ligne avec le statut de freelance afin de ne pas concurrencer son employeur.
Concernant la durée du temps de travail, la législation interdit de travailler plus de 10 heures par jour et 48 heures par semaine dans le cadre d’un cumul d’emploi de plusieurs activités salariées. L’activité non salariée (freelance) n’est pas soumise au respect de cette durée maximale du travail.
Si le salarié n’a pas de clause d’exclusivité avec son employeur et qu’il souhaite exercer une activité différente de son emploi salarié, il peut décider librement de lancer son activité de freelance. Il doit alors créer la structure qui encadrera son activité de freelance.
Il existe différents types de statuts juridiques pour créer une entreprise individuelle ou une société unipersonnelle.
Le statut d’entreprise individuelle (EI) est généralement retenu pour un emploi en tant que freelance. Les démarches administratives pour la création d’une EI sont allégées. Les obligations comptables sont également simplifiées. Avec un tel statut, le patrimoine personnel de l’entrepreneur est confondu avec celui de l’entreprise. Les biens de l’entrepreneur peuvent donc être saisis par ses créanciers. Ce statut est surtout privilégié pour les activités ne nécessitant pas d’achats importants ou de prêts comme les activités de consultants ou de rédacteurs.
Par ailleurs, en optant pour une EI de type entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), le freelance peut limiter cette responsabilité à son patrimoine professionnel.
Pour encore plus de simplicité, une autre option est de choisir le statut d’auto-entrepreneur, qui se base sur le régime de la micro-entreprise. Avec ce statut, le freelance bénéficie d’une exonération de la TVA. Il ne cotise pas pour le chômage, mais dans le cadre d’un cumul d’emploi avec une activité salariée, cela n’est pas problématique, car il cotise pour ses droits au chômage grâce à son emploi de salarié.
Le salarié prêt à créer sa société aura le choix entre deux types de société unipersonnelle :
Notons que dans le contexte d’un cumul d’emploi, il est intéressant de privilégier un statut juridique dont les démarches administratives et fiscales sont simplifiées, comme le statut d’auto-entrepreneur. En effet, les démarches pour la création d’une société peuvent paraître chronophages pour un entrepreneur occupant un emploi salarié.
Reste que le choix final dépendra de l’activité exercée, des investissements prévus, ainsi que des ambitions de chaque freelance.
Toute personne occupant un emploi salarié est obligatoirement rattachée au régime général de la sécurité sociale. C’est la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), qui gère cette couverture santé.
Le salarié lançant son activité de freelance sera également affilié à la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI). Dans le cas du cumul d’emploi de plusieurs activités non-salariées, l’indépendant sera uniquement rattaché à la SSI.
Le salarié, qui choisit de cumuler son emploi avec une activité de freelance, mise sur plusieurs avantages :
Les salariés décidant de cumuler leur emploi avec une activité de freelance doivent faire face à de nombreux défis. Pour être productif, tout en continuant à prendre du plaisir dans ces deux activités ou plus, il faut notamment :
Le cumul d’emploi peut être utilisé comme une stratégie avant une reconversion définitive. On peut prendre comme exemple, le cas d’une assistante administrative, salariée dans une entreprise depuis 5 ans sous contrat à durée indéterminée (CDI), que nous appellerons Mélanie. Cette salariée, fan de pâtisserie, a également choisi depuis un an de vendre ses gâteaux. Elle est spécialisée dans la création de layer cake. Pour pouvoir vendre ses gâteaux, elle a opté pour le statut d’auto-entrepreneur. Elle est en accord avec la législation et les règles de son entreprise, car son contrat ne stipule pas de clause d’exclusivité et elle ne fait aucunement concurrence à son employeur, qui est une société d’imprimerie.
Salariée sur une durée de 35 h, Mélanie occupe son poste d’assistante administrative de 9 h 30 à 17 h 30. Elle gère sa micro-entreprise essentiellement les week-ends et ponctuellement certaines soirées. Cette activité d’indépendante lui permet de s’octroyer un revenu complémentaire. Avec cet argent supplémentaire, la jeune femme souhaite investir dans des ustensiles plus modernes pour l’exercice de sa passion. En parallèle, elle a demandé à bénéficier d’une formation pour décrocher son CAP pâtisserie.
À terme, sa volonté est de quitter son emploi d’assistante administrative pour se mettre entièrement à son compte.
SUIVEZ-NOUS