Quiet quitting : le phénomène de démission silencieuse 

Publié le jeudi 06 octobre 2022 par Manon Mathiot

Depuis quelques mois déjà, le hashtag #quietquitting fait le buzz sur les réseaux sociaux et chamboule le monde du travail. Ce phénomène de démission silencieuse, qui débarque en France après la crise sanitaire, ne fait pas vraiment l’éloge de la démission, mais plutôt la grève de l’excès de zèle. Découvrons la nouvelle tendance du quiet quitting.

Quiet quitting : définition

Le monde du travail rencontre régulièrement de profondes mutations, qui font évoluer les méthodes de travail et la manière d’aborder la vie professionnelle. Après la grande démission, c’est au tour du quiet quitting de faire des vagues.

homme devant ordinaire qui sourit

Une grève du zèle qui ne date pas d’hier

Les personnes qui utilisent les réseaux sociaux n’ont pas pu passer à côté du hashtag #quietquitting qui prend chaque jour un peu plus d’ampleur. Ce phénomène n’incite pas les professionnels à démissionner, mais plutôt à lever le pied au travail. L’objectif est alors de trouver un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais depuis quelque temps déjà, la démission discrète devient une tendance et s’adresse à toutes les personnes qui souhaitent ralentir leur rythme de travail, arrêter de s’épuiser ou de faire du zèle. Cela peut prendre alors différentes formes :

  • Refuser de réaliser des tâches qui ne sont normalement pas de son ressort (fiche de poste) ;
  • Refuser des projets qui manquent d’intérêt aux yeux du professionnel ;
  • Ne plus répondre en dehors des heures de travail…

Le but est alors de revaloriser le travail fourni, tout en refusant que celui-ci prime sur tous les autres aspects de la vie du professionnel (santé physique et mentale, vie privée…). Le quiet quitter ne quitte pas son travail, mais se limite, sans excès de zèle, aux missions qui lui sont confiées.

Un concept qui explose sur TikTok

Si le concept de démission silencieuse, de silent resignation, ou encore de silent surrender, n’est pas vraiment nouveau, il rencontre un succès grandissant sur les réseaux sociaux, et notamment sur TikTok, où le hashtag devient viral. Tout commence avec une vidéo publiée en juillet, qui fera plus de 3,5 millions de vue et permettra au hashtag #quietquitting d’être vu près de 155 millions de fois.

Ce phénomène touche particulièrement sa cible sur ce type de réseau social, où la génération Z est majoritairement présente (personnes nées entre 1997 et 2010).

Pourquoi la démission silencieuse prend une telle ampleur ?

Le quiet quitting peut laisser penser à une forme de manque de conscience professionnelle, ou de démobilisation des plus jeunes. Il faut plutôt voir cette quête du bien-être comme une répercussion des difficultés que la génération Z rencontre : crise économique, crise sanitaire, guerre, inflation, crise écologique, crise énergétique… Cette génération prend conscience que le travail n’est pas une priorité, et qu’il doit faire partie de la vie comme n’importe quel autre aspect personnel.

La grande démission post pandémie de Covid-19, où les employés quittent leur travail du jour au lendemain pour retrouver une situation professionnelle plus épanouissante, peut être en lien avec l’essor de la démission discrète. En effet, elle est une version plus mesurée de la grande démission, mais aussi le reflet des conditions professionnelles de ceux qui restent, et compensent le travail des démissionnaires non remplacés. Cela provoque un sentiment d’injustice, de fatigue, de lassitude qui pousse de nombreux professionnels à lâcher du lest. L’objectif est alors de ralentir le rythme et d’appliquer à la lettre les termes du contrat de travail, ni plus ni moins.

On peut aussi penser que les conséquences de la crise du Covid-19, avec le télétravail et les confinements, ont poussé les travailleurs à une déconnexion intensive du monde professionnel qu’ils ne souhaitent plus modifier.

L’essor du quiet quitting à travers le monde

Le concept de quiet quitting a vu le jour aux États-Unis, et s’est rapidement propagé non seulement en France, mais aussi dans le monde entier. Bien plus qu’une simple tendance passagère, ce phénomène concerne et mobilise la jeune population active qui souhaite mettre l’accent sur le bien-être et la qualité des conditions de travail.

Si en France, le phénomène est visible mais encore difficilement quantifiable, aux États-Unis, des études ont déjà été réalisées, témoignant que plus de 50 % des professionnels américains répondraient aux critères définissant les partisans de la démission silencieuse.

En Chine, le concept a pris une autre forme plus réactionnaire, appelée le Tang Ping. Les jeunes Chinois ont alors décidé d’opérer une révolte silencieuse contre le rythme excessive du monde du travail en Chine et l’extrême concurrence dès l’école, en « s’allongeant » (Tang Ping), c’est-à-dire en se contentant de faire le minimum et de ne pas participer aux compétitions oppressantes. Le concept va plus loin, et les jeunes Chinois décident de préserver leur santé mentale en ne s’imposant rien de contraignant (se marier, acheter un appartement, avoir un enfant, travailler à temps partiel…).

Faut-il s’inquiéter du quiet quitting ?

De manière générale, ce genre de phénomène est éphémère. Comme un mouvement à la mode, il va probablement s’essouffler avec le temps. Il est également en lien direct avec le marché du travail actuel, où les salariés peuvent se permettre d’imposer leur vision des choses sans prendre de gros risque, tant il est facile de retrouver du travail facilement aujourd’hui. Cela ne va sûrement pas durer…

En revanche, il faut vraiment le prendre comme un signal d’alerte, car le quiet quitting traduit un vrai mal-être de la part des salariés. Il est impératif de tenir compte de cette souffrance, et de former les cadres dirigeants au management de cette génération Z. Il faut bien comprendre que le but de ce mouvement est de rechercher de la considération et de la reconnaissance, sans forcément ne plus rien faire.

Bien sûr, le phénomène reste à toute petite échelle en France, et ne doit pas être généralisé à toute la jeune population active.

Le quiet quitting traduit une véritable envie de trouver un équilibre professionnel et personnel épanouissant. Le portage salarial s’impose ici comme une solution idéale pour gérer son engagement professionnel selon ses aspirations, et pour s’épanouir dans chacun de ses projets.

Manon Mathiot

En tant que Responsable Marketing Ad’missions au sein du Groupe Freelance.com, ce poste m’a ouvert l’esprit à de nouvelles façons de travailler et a enrichi ma vie professionnelle et personnelle. Développer une vision interne du monde du portage salarial et du travail indépendant en rencontrant de nombreux talents et experts au sein du groupe, en recherchant et en mettant en avant la nouveauté et les avantages de ce statut au profit de tous.

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