Freelance : définir son niveau d’expertise

Mis à jour le mardi 17 octobre 2023
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La question de l’expérience professionnelle se pose régulièrement dans une carrière de freelance. Avec le temps et au fil de ses missions, le travailleur indépendant souhaite valoriser les compétences qu’il a acquises. Devenir expert sonne comme la promesse un meilleur tarif journalier et de missions plus longues, plus complexes et plus stimulantes. Mais attention, ce terme de plus en plus galvaudé demande cependant certaines explications. Combien d’années de carrière sont nécessaires avant de se déclarer expert dans son domaine d’activité ? Un freelance qui se proclame expert dès la fin de sa formation est-il crédible ? Le niveau d’expertise n’est pas une notion à prendre à la légère, car elle permet aux potentiels clients de déterminer si le profil du consultant est en adéquation avec la problématique rencontrée par l’entreprise. « Junior » ou « senior », on fait le point sur l’expertise du freelance. 

Une femme définissant ses compétences clés et son niveau d'expertise

Définition du niveau d’expertise d’un freelance

La notion d’expertise est loin d’être évidente, car elle englobe un certain nombre de concepts clé qu’il convient de définir.

L’expérience professionnelle

Le mot expérience se définit par un ensemble de compétences qu’une personne acquiert par la pratique. Selon un proverbe chinois attribué à Confucius, « l’expérience est une lanterne accrochée dans le dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru ». Cette célèbre phrase décrit parfaitement la complexité du sujet. Avoir beaucoup d’expérience ne préserve pas des erreurs à venir, car elle est, par définition, une réalité passée, un savoir accumulé dans un contexte donné.

Le savoir

Le savoir se réfère aux connaissances acquises par le biais de l’apprentissage ou de l’expérience. Ainsi, les études, formations, certifications participent à l’élaboration du savoir au même titre que l’expérimentation, l’observation et la mise en situation professionnelle ou personnelle. Le savoir peut être enrichi constamment, mais il peut également se dégrader, voire disparaître, par manque de pratique ou d’exercice.

Le savoir-faire

Le terme savoir-faire correspond à l’ensemble des expériences acquises par une personne dans un domaine d’activité précis. Il désigne des informations techniques et des connaissances précises sur un procédé ou un produit. Le savoir-faire est :

  • secret, c’est-à-dire peu connu ou difficile à obtenir ;
  • substantielle, qui doit avoir une utilité ;
  • identifié avec la possibilité de le vérifier selon des critères documentés sur un support matériel.

Les compétences professionnelles

Une compétence professionnelle correspond à la capacité d’un individu à agir dans une ou plusieurs missions grâce à des qualifications et des connaissances précises. Elle peut être acquise dans le cadre de l’apprentissage ou de l’expérience. On en distingue deux types :

  • les « hard skills » sont des compétences techniques qui relatent un savoir-faire, comme la maîtrise d’un logiciel ou un niveau de langue étrangère ;
  • les « soft skills » sont reliés au savoir-être et aux qualités personnelles et comportementales, par exemple un bon sens relationnel, la réactivité ou la polyvalence.

L’expertise

L’expertise surpasse de loin la simple compétence professionnelle. Elle se caractérise par des habiletés poussées dans un domaine de spécialité ainsi que dans les sujets connexes. L’expert dispose d’un savoir précis et d’une expérience étendue, qui le rend apte à donner des conseils, à mener à bien des actions complexes et à prendre des décisions rapidement dans n’importe quelle situation. Ce concept sous-entend une certaine rareté dont découle toute sa valeur. Quel que soit son champ de compétence, le niveau d’expertise se mesure selon une performance plus importante, des résultats supérieurs, des connaissances approfondies et une reconnaissance professionnelle par ses pairs, ses clients ou ses collaborateurs.

Longtemps réservé aux séniors capables de prendre davantage de responsabilités en raison de leur expérience accrue, l’expertise repose de plus en plus sur une capacité à apprendre rapidement, continuellement, et à expérimenter, dans un monde en proie à des évolutions constantes, à des innovations rapides et à l’obsolescence des connaissances. L’expertise numérique en est un exemple flagrant, car elle repose directement sur la nouveauté et l’agilité plutôt que sur l’ancienneté. Bien qu’elle date du XVIIe siècle, une célèbre citation du Cid de Corneille évoque parfaitement cette notion appliquée à l’univers du freelancing : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ».

FAQ sur le niveau d’expertise

Comment évaluer son expertise ?

Juger de sa propre expertise est une action très subjective. Les travailleurs indépendants, parfois même autodidactes, qui exercent leur activité avec passion, peuvent rapidement atteindre un niveau d’expertise élevé en accumulant rapidement le savoir et les expériences. Des exemples mythiques de débutants ayant atteint des résultats impressionnants se trouvent à la pelle, comme ce stagiaire de la NASA qui a découvert une nouvelle planète en 2020 ou cette étudiante qui a réussi à déchiffrer une énigme mathématique que des experts essayaient en vain de résoudre depuis plus de 50 ans. Le repère du diplôme est devenu caduc, en particulier dans les métiers du numérique.

L’évolution sans précédent de la notion d’expertise, dans un cadre somme toute assez flou, s’accompagne d’un certain nombre de dérives. L’expert peut désormais s’autoproclamer « expert ». Le statut peut parfois même être octroyé par les non-experts à une personne peu expérimentée, simplement parce qu’elle en sait plus qu’eux, sans maitriser la spécialité pour autant. Les communautés professionnelles en ligne, les réseaux sociaux diffusent et amplifient cette reconnaissance superficielle sans être nécessairement garants de son bien-fondé. L’inverse est également vrai, certaines perles rares particulièrement talentueuses ne se sentent pas légitimes à se dire experts et n’apparaissent pas de manière évidente aux yeux des non-experts.

Comment valoriser son expertise ?

Les termes « junior » ou « senior » servent principalement à donner une indication sur sa connaissance du métier et ses compétences professionnelles. Ils peuvent aussi influencer le type de missions visé par le freelance en dehors de tout aspect technique. Leur utilisation est optionnelle, elle permet d’apporter un élément d’information aux clients potentiels, mais elle ne remplace pas la description de ses compétences, les recommandations ou l’énumération des diplômes et des réalisations par le biais d’un portfolio. Le niveau d’expertise peut être envisagé selon plusieurs angles :

  • l’expertise technique : comme la maîtrise d’un logiciel validée par une certification, certaines compétences techniques très pointues sont particulièrement recherchées ;
  • le nombre d’années : les freelances seniors ont plus de facilité à asseoir leur notoriété et leur expertise grâce à de nombreuses réalisations et recommandations d’anciens clients ;
  • les compétences externes : un freelance junior peut valoriser l’expérience acquise en dehors du travail, lors de stages, en faisant du bénévolat ou au travers de ses hobbies ;
  • l’expertise fonctionnelle : basée sur les « soft skills », elle prend en considération les enjeux d’une entreprise, comme la stratégie digitale, le web marketing, la transformation numérique ou le développement durable.

Comment développer son expertise ?

Développer une expertise peut prendre du temps en fonction du secteur d’activité du freelance, mais certaines méthodes permettent de gagner en notoriété :

  • développer ses compétences en restant toujours en veille dans son secteur d’activité ;
  • obtenir des certifications ou des diplômes en relation avec son métier ;
  • demander des recommandations à ses clients ;
  • trouver une niche, car la rareté est toujours un critère déterminant de l’expertise ;
  • se démarquer de ses concurrents en misant sur des compétences connexes peu mises en avant ;
  • être actif pour se faire connaître : sur les forums ou les réseaux sociaux, en participant à des conférences ou en publiant des articles ;
  • développer des partenariats avec d’autres acteurs de sa niche pour développer ses compétences, élargir son réseau et laisser de la place à l’innovation.

Comment facturer son expertise ?

L’augmentation justifiée de son expertise permet de majorer significativement ses prestations. Il n’est pas conseillé d’augmenter ses tarifs trop souvent, mais l’expérience professionnelle peut être valorisée régulièrement. L’apprentissage de nouvelle technique, l’acquisition de compétence, les formations complémentaires sont à mettre en avant. Le meilleur moyen de procéder est de réaliser une étude concurrentielle en se basant sur des profils similaires sur les plateformes de freelance.

Mise en situation

Edgar est Data Manager depuis 4 ans. Il souhaite se lancer dans le freelancing en devenant consultant informatique. Après une brève étude de la concurrence, il établit une fourchette de prix entre 600 et 800 euros par jour chez les autres experts en fonction de leurs compétences. Il est titulaire d’un master universitaire en ingénierie informatique et il se pose la question de son expertise afin de déterminer son tarif journalier moyen ou TJM. Il décide donc de lister ses compétences et d’évaluer son niveau d’expertise. Ses connaissances ciblées sont un atout non négligeable pour faire valoir son expertise. Il possède une maîtrise pointue de l’informatique, en particulier concernant le Big Data et l’architecture des systèmes.

Il est formé sur les technologies et des concepts récents et il possède de bonnes connaissances en statistiques et en algorithme. Sa capacité à innover et à chercher des axes d’analyse est mise en lumière par les références de ses anciens collaborateurs. Il décide tout de même de commencer son activité autonome par un salaire abordable pour ses potentiels clients afin d’évaluer plus précisément les demandes et passer des certifications adaptées. Il calcule un TJM à 600 euros par jour et envisage de le revaloriser au bout de deux ans d’activité en fonction de l’évolution de son expérience.

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